Oui, on peut y penser, mais une extinction après juste une remise gaz, ça vaudrait dire qu’il n’y avait déjà pas grand chose à bord en début d’approche. Il devrait y avoir au minimum de quoi dégager + 30 mn de réserve finale. Voici l’audio de l’accident. Au tout début, on entend une alarme sonore puis la remise de gaz est décidée. Difficile de dire à quelle hauteur s’est faite la remise de gaz.
J’ai du mal à déterminer quel son on entend dans l’audio, mais ce n’est pas le son du PA disconnect c’est sûr. Ça ressemble plus à une alarme config mais je n’en suis pas sûr.
Ce qui est certain, c’est que la probabilité de ce genre d’incident/accident va (temporairement) augmenter significativement au cours des prochains mois, pour au moins 3 raisons je pense.
1-Les avions ont été stockés pendant plusieurs mois sans avoir été utilisé.
Il existe certes des procédures de stockage/remisage et entretien, mais vu que quasiment 90% de la flotte mondiale a été remisée, et pas forcément toujours dans les conditions optimum préconisées par le constructeur, le risque d’un défaut non détecté/mal détecté ou d’une procédure d’entretien foireuse (genre l’histoire du fongicide dont parlait Brice) ou d’une remise en service « bâclée » est augmenté vu le nombre.
2- les pilotes aussi ont été stockés pendant plusieurs mois, et les réflexes s’émoussent.
Perso lors de la reprise (si elle a lieu), je serai pas contre une séance de simu...
3- la nature en revanche n’a pas été stockée et a repris ses droits la ou elle en était chassée. Au Pakistan du fait du risque aviaire important, il y a des voitures effaroucheuses qui tirent des petits pétards un peu avant l’approche et le décollage.
Pendant le confinement on peut penser qu’en l’absence de vols, il n’y en a pas eu ou alors très peu. Et un aéroport est un des rares endroits où la pression urbanistique est limitée par destination, donc de vastes espaces sans bâtiments ni humains, et pendant plusieurs mois sans avions!
On peut penser qu’il y a plus d’oiseaux que d’habitude.
Tout ça pour dire que comme d’hab il n’y aura probablement pas une cause unique à ce terrible accident, mais une série, causes qui prises individuellement n’auraient peut être pas causé le crash. Mais des causes dont la malheureuse conjonction ajoutée aux trous supplémentaires dans la raquette dûs aux conditions liées à la reprise* ont donné le résultat que l’on sait.
(*)Pour ceux que ça intéresse, faites une recherche sur « Swiss cheese model Reason ».
Chaud pour les équipages en général en cette période de reprise, car on va retrouver des avions qui ont été stockés et déstockes dans des conditions qu’on ne maîtrise absolument pas.
Loin de moi l’idée de dénigrer les gens au sol mais pour l’avoir plusieurs fois constate personnellement, beaucoup ont parfois un entraînement ou des connaissances limitées sur la tâche qui leur est confiée.
Deux exemples au Pakistan, justement, mais applicable ailleurs également.
1- Refuelling. À Lahore ils ont depuis un an un superbe camion de refueling flambant neuf qui contraste nettement avec les vieux service trucks à bout de souffle qu’on voit habituellement sur les tarmacs.
La pompe marche donc très bien, mas le problème maintes fois constaté c’est que le gars chargé du ravitaillement ne sait bien souvent pas que la pression maxi à envoyer dans l’aile est limitée à 50 PSI sur 320.
C’est pourtant marqué en gros sur l’aile au au niveau du bouchon, et pourtant lorsqu’on fait le walkaround et qu’on regarde la pression à la pompe sur le tableau de bord du dit camion, elle est bien supérieure..70 à 80 voire plus.
Je pense que les gars augmentent la pression pour accélérer le ravitaillement (10 à 11 tonnes de carburant, ça prend facile 15 minutes), sans savoir le risque potentiel pour la tuyauterieles joints et pour le reste....
En temps normal ça va encore (quoique je me suis plusieurs fois « expliqué « avec les gars à ce sujet et du coup le chef d’escale a OPLA m’accueillait toujours avec un grand sourire mêlé de crainte du genre « qu’est-ce qu’il va encore trouver?) » ), mais pour un avion stocké plusieurs mois et dont les joints auraient séché?
2- les bagages: toujours dans le coin mais applicable un peu partout, il m’est arrivé en passant sous l’avion au niveau de la porte cargo lors du walkaround de me faire presque assommer par un bagage tombant du belt loader au même moment. Outre le fait qu’une valise bien pleine qui tombe de 2.50 de haut sur le tarmac à une drôle de gueule à l’arrivée, la question est pourquoi?
Sur les belts loaders il y a un garde corps latéral pour pouvoir entrer dans le compartiment cargo et des plinthes métalliques qui servent de guide pour éviter que les bagages mal posés sur le tapis ne tombent justement.
Cette barrière et ces plinthes sont amovibles et manœuvrables par un levier. Le levier est bien souvent rouillé ou difficile à manœuvrer (je sais j’ai essayé) surtout côté rambarde qui est assez lourde. Bref visiblement personne ne prend la peine de déployer ces plinthes et du coup des valises tombent de temps en temps et parfois sur un First Officer qui passe sous l’avion à ce moment là...
Comment expliquer à ces gens très sympas que lever les plinthes assure la sécurité des bagages et du personnel, à des gars dont aucun n’a les chaussures de sécurité obligatoire?
Tout ça pour dire que la culture de la sécurité est quelquechose de très théorique a imposer dans des pays (et je ne parle pas spécialement du Pakistan ou c’est plutôt pas mal) où on construit des immeubles entiers avec des echaffaudages improbables, où le niveau de normes de sécurité dépend étroitement de l'argent dans les poches de responsables, etc...
Déjà que dans les pays où cette culture est martelée tous les jours on voit quand même des trucs qui dépassent l’entendement....
C’est même parfois pire, car dans ce cas l’absence d’accident/incident fréquents donne une fausse illusion de sécurité.
Je suis sûr que Brice ou Tim ont deux trois histoires gratinées à raconter sur ce sujet.
Bref quand vous retrouverez votre valise explosée a l’arrivée à l’aéroport, vous saurez pourquoi!
Jacques