voici un récit d'un ami Capt A330-300....de 2014, retraité à présent
Ici ça va mais hier j’ai eu une longue journée…ou plutôt longue nuit !
Certains me diront qu’il y a trop de termes techniques, tant pis.
Départ de mon appartement à 15h pour faire un petit Bangkok, relax…. Si on peu dire !
Jusqu’à Bkk, tout va bien, on arrivera même avec 30 min d’avance et mes petites hôtesses sont toutes excitées car elle pourront aller faire des emplettes au free shop.
Peu d’orages sur la route, mais où sont-ils donc ?
Et bien ils s’étaient donné le mot pour une petite fiesta à Suvarnabhumi Intl.
Avant même la descente on doit réduire la vitesse car le contrôle est surchargé d’avions ; en effet un orage venait de passer juste sur l’aéroport. Donc, holding, vectoring et radio surchargée car il y a tellement de cellules actives que l’on doit sans arrêt demander des changements de cap pour les éviter.
On commence à sortir les cartes de notre diversion car le fuel baisse, il nous reste 10 minutes.
Finalement on atterri mais nous avons perdu nos 30’ d’avance dans la bagarre. Qu’à cela ne tienne, elles pourront quand même faire leur shopping car on doit rester 2h au sol, en effet Taipei sera fermé de 1h30 à 3h du matin pour réfection de la piste.
Finalement nous sommes prêt, à l’heure, pour le retour. Pendant tout ce temps d’escale on a pu admirer des milliers d’éclairs de tous les côtés, mais pas sur l’aéroport.
Taxi, on est numéro 3 pour décoller mais cela prend du temps car des avions atterrissent sur les deux pistes….et….un orage se rapproche. Le 777 de Korean Air qui était n°1 décolle puis un 767 se présente pour l’attéro mais doit faire go-around à cause d’un sérieux windshear à 100 pieds.
Le 747 cargo d’Atlas Air devant nous s’impatiente pour partir car l’orage devient tout proche, il tombe des gouttes, déjà, mais un deuxième avion est en approche et cela se termine aussi par une remise des gaz.
Là-dessus, le ciel nous tombe sur la tête, on ne voit plus à 10 mètres ! des éclairs de tous les côtés avec le tonnerre qui suit instantanément.
Bien sur la tour autorise le 747 à décoller….qui refuse avec raison. Puis ils nous demandent si nous on ne voudrait pas décoller. Pas fou, je refuse aussi !
Cela fait une heure et demi que nos moteurs tournent et on est au minimum fuel. Comme le temps ne s’arrange pas nous décidons, tout comme le Atlas Air, de retourner au parking pour rajouter du carburant. Nous taxions à la queue leu leu sur la piste pour revenir, essuies glaces à fond et en ne distinguant pratiquement pas les taxiway pour sortir de la piste.
Un parking nous est attribué mais, en y arrivant, des chariots de bagages sont trop proches à mon goût et, avec cette visibilité nulle, je demande un marshaller pour me guider.
Pas vraiment willing pour se faire rincer ni foudroyer le gars ! mais finalement il le fait.
On arrête les moteurs et, je ne sais pas pourquoi, je trouve que quelque chose n’est pas normal…sans pouvoir dire quoi. On perd aussi notre Ice detection system mais ce n’est pas trop grave, on peut voler sans d’après la minimum equipement list.
Deux heures sont nécessaires pour refueler, avoir une nouvelle loadsheet et un mécanicien pour faire la release de l’avion (il ne trouve rien d’anormal).
L’orage à sévi encore une bonne heure et l’aéroport à été fermé avec toutes activités au sol arrêtées pour éviter que quelqu’un ne se ramasse un éclair sur la caboche.
Bien entendu, maintenant, il y a la file pour décoller mais on finit par recevoir l’autorisation de push back et de mise en route.
Démarrage des moteurs et là je peux constater que j’avais raison, il y avait bien quelque chose d’anormal : Engine 2 EPR mode fault (ce qui permet de savoir quelle puissance on affiche sur le moteur). Ok, on ouvre les bouquins et on doit passer en N1 control mode sur les deux moteurs, ce qui implique de rentrer dans des abaques pour déterminer de nouveaux paramètres de décollage….tout ça prend du temps ! J’ai été inspiré de prendre une bonne marge de sécurité question fuel.
Finalement on est prêt et on peut libérer notre brave mécanicien qui doit la trouver mauvaise vu qu’un nouvel orage arrive, avec sa pluie en préliminaires.
Heureusement la file n’est plus trop longue et on peut décoller en faisant un peu de gymkhana pour éviter le rouge qui est omniprésent sur le radar. Il était temps, on était à 10 minutes de la limite max des prestations autorisées.
Ouf, enfin dans le calme, en croisière…. Ben non ! en faisant un petit scan des paramètres systèmes, on s’aperçoit que le TR (transformer/rectifier) de l’APU (auxiliary power unit) affiche 304 ampères. J’aime pas ça et j’espère que cela ne dégénèrera pas en feu électrique…je commence à regarder les cartes d’approche de tous les aérodromes dans la région. Tous familiers bien sur : ZJHK (Meilan), ZJSY ( Phoenix Intl…non non, pas celui des USA mais un bled chinois), VVDN (Da Nang Intl), etc… J’imagine déjà d’arriver là en emergency, de nuit, avec un contrôle qui ne parle bien que le chinois. Heureusement mon copi le parle, lui.
Finalement rien ne se passe pendant une heure et demi jusqu’à ce que le système décide de charger la batterie de l’APU, du coup, nouvelle alarme : APU BAT SYST FAULT.
Pas trop grave, il suffira de demander un groupe à l’arrivée puisqu’on ne pourra pas le démarrer.
Atterrissage sans ennuis puis, pendant le taxi, encore un petit truc, histoire de me faire écrire encore un peu plus dans le trouble report : ENG 2 LP SHAFT PROT LOST.
Ce sera pour le suivant, mon copain australien qui va à Hakodate, Hokaido.
Un petit Bangkok cool qu’on disait….on se serait cru dans le simu, pour un profcheck.
Atterro à 6h du matin et de retour à mon appart à 7h30….juste un peu fatigué !
Voilà, c’était juste pour que vous ne croyiez pas toujours que la vie de pilote est tous les jours relax ! J